«Je ne sais jamais comment cela se termine. Je ne sais d'ailleurs pas de quoi je parle au moment où je sculpte » assure Caroline Parsy-du Mesnil. Et pourtant, chacune de ses oeuvres, foisonnantes de personnages au coeur d'un décor minutieusement travaillé, raconte une histoire totalement aboutie, impeccablement architecturée. Véritables mises en scène théâtrales dotées d'une surabondance de détails, elles révèlent une imagination sans limite. On imagine des croquis préalables, des esquisses... L'artiste n'en a pas besoin : elle possède une faculté rare à laisser venir, sans censure : « J'avance à l'instinct. Plus c'est compliqué, plus cela enrichit l'histoire. Il faut que ça grouille, que ce soit habité ! ». Dans les deux sens du mot : habité par les personnages, mais aussi par l'impressionnant travail du traitement de surface : effets de matière, polychromie des terres, mélange des matériaux (pierre, plume, terre), jeux de lumière sur les argiles, de perspectives dans le décor, etc. Cette inspiration libre, qui n'a ni mesure, ni temps ni espaces définis au préalable, fait toutefois naître des oeuvres qui se répondent, possédant un même univers fantastique ou baroque. C. Parsy-du Mesnil met en scène des animaux (énormes rhinocéros, hippopotames, éléphants, chevaux), des scènes guerrières ou mythologiques. Admirative de Louise Bourgeois, de Donatello et des artistes de la Renaissance, elle prend son temps, peaufine, modèle, taille, coupe, « aime commander à la pierre ». Plongée dans une confrontation, un véritable rapport de force avec l'oeuvre, elle veut « être au plus juste » pour ses sculptures qui « doivent être lourdes, accrochées au sol ». C. Parsy-du Mesnil en a toujours trois en cours, un plâtre, une terre et une pierre, qu'elle travaille selon son humeur. La première pour la légèreté, la deuxième pour se retrouver dans la confrontation, la troisième pour pouvoir « rentrer dedans, être complètement absorbée »...
Aude de Tocqueville, Journaliste